ROAD TO JACKSONVILLE - "Before my eyes" Review - 
 

Written by: Y. Philippot-Degand



Voilà encore un album sympathique! Malgré tout, et en particulier malgré le passé musical de JC Cinel et ses influences avouées, je ne crois pas que ce disque soit tout à fait à ranger du côté rock sudiste de votre discothèque. En l'occurrence, cet album me semble plus marqué par le deuxième grand groupe d'influences du bonhomme : le rock de la West-Coast de l'extrême fin des années 60 et de la majeure partie des années 70. Les compositions (toutes des originaux, il faut le souligner) se remarquent par un excellent sens de la mélodie, et les arrangements font la part belle à de superbes vocaux, non seulement du côté du chant principal, mais aussi des chœurs, impeccables et très présents, et à un solide tapis de guitares acoustiques presque toujours bien mis en évidence. Attention quand même de ne pas se tromper sur la marchandise : ici, pas de voix rocailleuse trempée dans le bourbon, mais un timbre pur et équilibré, un peu 'lisse' pour certains, mais d'une évidente qualité. Du coup, on pense plus aux Eagles, à Jackson Browne, aux multiples avatars du Jefferson, à CSN&Y, ou même, pour se rapprocher de la Floride, berceau du rock sudiste, aux arrangements de certains albums de Tom Petty (la voix nasillarde de Tom étant, elle, inimitable, par contre!), dans un feeling général country-rock ne reniant ni le folk, ni le blues. On a parlé aussi à son propos de Jupiter Coyote. Y'a en effet comme un quelque chose dans l'ambiance, mais sans le violon, élément fondamental chez nos Canidés, et avec une forte personnalité propre.
Toutefois, les oreilles les plus sensibles au son typiquement sudiste se satisferont, par exemple, de l'harmonica et de la slide de 'Ships in the Wind', le morceau d'ouverture du disque, ou de l'harmonica de 'What I See', sans compter quelques parties de guitare bien gouleyantes.
Quelques plages offrent aussi des morceaux plus remuants et franchement rock'n roll, comme
'Out in the Frontline' ou 'Feel the Moment', et là il est vrai qu'on se rapproche de certaines productions sudistes.
En résumé, JC Cinel nous a concocté un très bel album, mélodique, très agréable à écouter, mais suffisamment énergique et varié pour ne pas lasser. De la belle ouvrage, comme on dit. Si vous ne connaissez pas ce citoyen européen (qui navigue entre Italie et Royaume-Uni) fou de musique américaine, et que vous adorez ce qui fait l'essence même du rock américain (pléonasme?),
c'est le moment de faire connaissance : le bonhomme en vaut vraiment la peine! Europa's
gonna rise again!